Le voyageur-photographe aura toujours à cœur de ramener de belles images de ses périples autour du monde. Sans aller jusqu’à faire « LA photo unique », il est si important pour chacun d’entre nous de ramener le souvenir le plus intemporel de notre passage ici ou là. Les objectifs « grand-angle » sont à ce titre un bon moyen d’obtenir des cadrages dynamiques. Oui mais voilà, les zooms « ultra-grand-angle » (UGA) sont lourds et encombrants… Soit bien loin des besoins des voyageurs ! C’est là qu’intervient le Voigtländer Color Skopar SLn ii 20mm f3.5.
Sur reflex plein-format uniquement
Disons le tout de go, ce petit Voigtländer est aussi limité qu’attachant, ses faiblesses étant aussi nombreuses que ses qualités. Bref, c’est un objectif à la distribution confidentielle qui ravira ceux qui se le procurent pour les bonnes raisons, tandis que les autres n’y verront certainement aucun intérêt. Je tiens à préciser que mon retour d’expérience sur l’objectif ne vaut que pour les appareils photos plein-format, comme les Canon 6D et 5D par exemple. Sur un reflex « APS-C », l’objectif perd tout son sens (mais j’y viens !).
Un 20mm compact, rêve de voyageur
Commençons par les bonnes raisons de se le procurer. Tout d’abord, il y a bien sûr sa taille, minuscule et qui transforme un reflex plein-format en « gros compact » ! Son design à plat est un vrai bonheur en randonnée mais aussi dans les endroits où l’on souhaite rester discret. Sa petite taille rend par ailleurs le reflex utilisable à une main, tandis que son poids plume se laisse facilement oublier dans le sac. Faire rentrer un 20mm dans un si petit ensemble est tout simplement extraordinaire. Concrètement, il est la réponse à la question : Dois-je me trimballer un objectif ultra-grand-angle, toujours très spécifique, alors que je souhaite garder un sac léger ? Avec le Voigtländer, difficile de culpabiliser de l’emmener, même si ce n’est que pour produire une dizaine d’images avec.
Vient ensuite sa construction tout en métal, comme Cosina sait bien les faire, et sa bague de mise au point tellement agréable à manipuler. Un vrai bonheur à utiliser, si ce n’est un bémol : les deux bouchons d’objectif ne m’ont pas convaincu et je les ai remplacés par des Canon !
Mise au point manuelle, le compromis
A l’usage, le petit Voigtländer demande un temps d’adaptation. En effet, il n’est pas équipé d’un système autofocus, et il faut donc prendre le temps de faire la mise au point manuellement. Pour une utilisation en paysage, avec une ouverture bien fermée et une focale de 20mm, tout est quasi net de toute manière, ce qui limite les erreurs. Ce qui est en revanche appréciable, c’est que l’objectif communique avec le boitier, ce qui rend utilisable tous les modes de prise de vue usuels : manuel, priorité vitesse, priorité ouverture et même auto ! La seule chose qu’il reste à faire, c’est donc la mise au point.
Qualité d’image
Sur le terrain, le Voitländer se comporte un peu comme mon bien plus volumineux (mais bien moins restrictif) Canon 17-40mm f4 L calé à 20mm. Les bords de l’image ne peuvent être considérées comme nets qu’à partir de f8, bien que j’utilise couramment f5,6 si je sais que mes tirages ne dépasseront pas la taille 20×30. Avec mon équipement actuel, j’ai donc deux choix de qualité équivalente en ce qui concerne l’ultra-grand-angle.
Au rayon des bonnes nouvelles, peu d’aberrations chromatiques, pas d’artefacts même avec le soleil dans un coin du cadre (et malgré l’absence de pare-soleil). Le rendu des couleurs est excellent (très neutre, j’ai presque envie de dire « haut-de-gamme ») et le micro-contraste impressionnant à f8.
Pour quel usage ?
Alors justement, est-ce que cela fait doublon ? La réponse est non. Je prends mon zoom lorsque les conditions ne me permettent pas de nombreux changements d’objectifs : les zones de grand froid, ventées, pluvieuses, poussiéreuses… ou lorsque la destination se prête tout particulièrement à la pratique de la photo de paysage. Pour un voyage culturel, une balade en ville ou encore un trek en autonomie, j’opte pour le Voigtländer sans hésiter. Avec un 35mm et un 85mm, je peux faire face à toutes les situations de reportage.
A vrai dire, il a naturellement pris sa place dans ma besace.
Les mordus pourront d’ailleurs lui adjoindre les Voigtländer 28mm et 40mm, du même tonneau. A ce que j’ai entendu dire, tous deux partagent la taille de guêpe, la construction irréprochable et la qualité d’image honnête du 20mm. A méditer pour les photographes qui souhaitent s’alléger sans compromis.