Les îles m’attirent. Leur caractère insulaire les rend uniques, bien souvent. C’est le cas des îles de la Frise du Nord, en Allemagne. Battues par les vents et les vagues de la mer du Nord, elles offrent des paysages iodés aux rares voyageurs s’y rendant hors saison. Bout du monde, certes non, mais une retraite idéale pour toute âme en quête d’une échappée solitaire au cœur de l’hiver.
Voici en quelques lignes le récit de mon séjour sur Sylt, Föhr et Amrum, entre embruns, pluie et neige.
Embruns
Cinglant mon visage
Vent d’hiver
hihh
Sylt : la reine des Wadden
Les îles de la Frise sont depuis longtemps prisées des allemands aux beaux jours. Néanmoins, elles ont gagné en notoriété au delà des frontières lors du classement à l’UNESCO de la mer côtière des Wadden, commune avec les Pays-Bas et le Danemark. Depuis, la faune et la flore y sont très protégées. C’est ainsi que Sylt, la plus grande des îles, fait la part belle aux chemins de randonnée permettant d’en profiter.
Cap au nord de l’île tout d’abord ! Là-haut, on scrute l’horizon pour apercevoir le Danemark, la longue pointe sablonneuse étant la frontière la plus septentrionale d’Allemagne. La magnifique route d’Ellenbogen traverse des pâturages balayés par le vent froid jusqu’à se jeter dans la mer. Les phares de List West et List Ost guident les bateaux passant au large, quelques moutons à leurs pieds. Il faut ensuite poursuivre à pied, sur la plage recouverte d’herbes folles, à la rencontre des phoques qui passent l’hiver sur la plage.
Humides
Etendues par la fenêtre
Perdu
En reprenant la route principale, il faut absolument s’arrêter à Kampen, petite bourgade cossue organisée autour de son grand phare noir et blanc. les environs immédiats sont magnifiques : les falaises rouges permettent de surplomber la mer, tandis que les dunes et l’immense plage sont l’excuse pour une balade en solitaire.
Enfin, tout au sud de l’île, Hörnum présente un relief plus doux et un air plus clément. La mer est calme, les oiseaux nombreux. Encore un beau phare qu’on cherche à immortaliser depuis la plage, déserte en décembre. Quelques belles maisons au toit de chaume font fasse à la mer. Moi, j’ai adoré l’architecture de l’église !
Conseils pratiques
- Sylt est reliée au continent par le rail depuis la construction d’une digue artificielle. Ainsi, l’île n’est qu’à 3h de train d’Hambourg via la Deutsche Bahn.
- Pour sillonner l’île, l’idéal est de dormir à Westerland. J’ai pour ma part logé à l’hôtel von Stefan, à deux pas des commerces et de la plage.
- Au coeur de l’hiver, j’ai opté pour la location d’une voiture durant quelques jours, de manière à me réchauffer entre deux randonnées dans la nature.
hihh
Föhr : la familiale
C’est en ferry depuis le continent que je rejoins Föhr. L’île est unique dans la région car bien plus abritée que d’autres. Aussi, elle est recouverte de végétation et sa plage se prête merveilleusement bien aux promenades hors saison. On peux d’ailleurs y apercevoir les «hallig», des habitations typiques de la région entourées par les eaux à marée haute et reliées entre elles par des routes à marée basse. Un mode de vie très particulier en communion avec la mer.
Lors de mon passage entre deux ferries, j’ai été gratifié par une superbe lumière et un calme salvateur. La plage déserte, sur les côtes sud et ouest de l’île, permet d’admirer le va-et-vient des marées.
Conseils pratiques
- Hors saison, il n’existe aucun moyen de rejoindre Föhr depuis Sylt. Il est nécessaire de reprendre le train jusqu’au continent et de rejoindre le terminal de ferry de Dagebüll. De là, il faut compter une petite heure de traversée.
- Au coeur de l’hiver, la plupart des commerces sont fermés.
hihh
Amrum : un désert en pleine mer
Il m’a fallu sauter dans un nouveau ferry pour rejoindre Amrum et clore mon voyage par quelques jours sur cette île sablonneuse aux paysages étonnants. Amrum, c’est une plage à perte de vue sur la côte ouest, et des dunes à n’en plus finir. Seule une route et quelques villages viennent ponctuer l’île d’une présence humaine réconfortante.
Dans sa partie nord, l’île abrite un sanctuaire ornithologique où l’observation des oiseaux est favorisée par l’installation de plateformes en bois. La pointe, sauvage, est l’occasion d’une belle balade et, avec un peu de chance, d’une rencontre avec les phoques.
Plus au sud, les dunes font onduler l’horizon. Pour ne pas abîmer la végétation, on emprunte les chemins balisés. Difficile de d’écrire précisément chaque endroit, mais les environs du petit phare de Norddorf, notamment, sont exceptionnels. Les dunes se la jouent montagnes, en surplomb d’une mer calme bordée de sable blanc.
Infini
Les dunes se cachent derrière
Les dunes
A la sortie de Nebel, la plus grosse bourgade d’Amrum, je progresse avec difficulté entre les dunes recouverte de neige. Elle n’a pas cessé de tomber depuis la veille au soir. En s’éloignant du grand phare, le paysage se fait désertique, minéral. Dans immaculée blancheur des dunes, je prends conscience que la fine ligne bleu à l’horizon, au loin, n’est autre que la mer que j’avais fini par oublier.
Mue
Du gris au blanc
Il neige
Conseils pratiques
- Amrum est facilement accessible depuis Föhr, il faut compter une heure de traversée. Le terminal des ferries est situé au sud de l’île. Une ligne de bus fonctionnant toute l’année relie les différents villages entre eux.
- Il est préférable, pour des raisons pratiques, de loger sur Norddorf ou Nebel. Pour ma part, j’ai goûté à l’hospitalité des locaux dans un petit hôtel familial, le Ual Öömrang Wiartshüs.
wadden
Un bout du monde en Europe. En hiver, les îles de la mer des Wadden ont leur atmosphère propre, propice à la rêverie et aux marches en solitaire. Ballotté par le vent qui souffle fort, chahuté dans les dunes de sables, on respire, on se sent vivant. Les éléments et la météo sont rudes, mais l’expérience est exceptionnelle pour qui recherche des paysages marins préservés à explorer en solitaire.
frise wadden