Une envie d’air pur et de montagnes, couplée à celle, plus urgente encore, de couper avec la ville et son agitation de tous les instants. Me voilà parti sur les routes alpines d’Autriche ! Au cours de ce superbe itinéraire estival, j’ai pu découvrir les régions du Salzkammergut et du parc national des Hohe Tauern. Montagnes, forêts, lacs, glaciers, cascades.. un autre quotidien, celui d’une nature sublime et préservée au cœur de l’Europe.
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# LACS ET MASSIFS DU SALZKAMMERGUT
La petite région du Salzkammergut, au cœur de l’Autriche, a été une véritable surprise. J’y suis venu pour ses lacs mondialement connus, et c’est finalement dans ses montagnes que la magie a opéré pour moi. Voici quelques impressions de voyage, qui ne sauront résumer à elles seules les atouts de la région tant deux jours n’ont pas été suffisants pour tout voir. Une bonne occasion pour revenir !
- Hallstatt
Le village carte postale d’Hallstatt est l’épicentre touristique de la région. À la vue des chalets agglutinés au bord du lac éponyme, difficile de donner tort aux guides de voyage tant l’image est parfaite. Mais l’agitation touristique surdimensionnée m’a rapidement fait fuir. Le classement à l’UNESCO doit y être pour quelque chose.
En prenant un peu de hauteur par rapport au village, on découvre le paysage grandiose de ce grand lac alpin bordé de montagnes. Verts profonds, jaunes étouffés, la palette est vaste en contemplant les environs depuis la plateforme « Skywalk : World Heritage View » située à l’entrée des mines de sels, qui ont longtemps fait la richesse de la région et de la ville de Salzburg.
En fin de journée, le lac se magnifie tandis que l’ombre assombrit le tableau. Assis sur les galets, seul au bord de l’eau devenue noire, j’ai regardé l’orage arriver. De petites gouttes d’abord, puis l’averse. Tout est devenu noir, gris. Les sapins ont disparu dans la brume. Le moment était fort, saisissant, d’une froide tranquillité. Avec le recul, ça aurait fait une belle photo, mais j’ai totalement oublié l’appareil devant la puissance de ce moment de connexion avec la nature.
Un beau sentier monte jusqu’à la plateforme depuis le cimetière de l’église (le balisage est très bien fait) en moins d’une heure. Un peu physique mais la vue est belle et c’est bien moins fréquenté que le train à crémaillère ! Le chemin permet d’ailleurs de surplomber la cascade de Mühlbach du haut d’une passerelle.
En tournant le dos au village, il est possible de s’enfoncer à l’ombre des montagnes. Le massif du Dachstein offre bien entendu des paysages grandioses jusqu’à près de 3000 mètres d’altitude mais j’ai voulu en voir un côté plus confidentiel entre les gouttes de pluie qui commençaient à tomber. Un chemin de randonnée facile, la Malerweg, conduit à la cascade de Walbachstrub. Rivière, forêt sombre de conifères, falaises abruptes… Tout un monde à découvrir seul ou presque, à deux pas de l’agitation d’Hallstatt.
- Variations autour du lac de Gosau
Mon grand coup de cœur (totalement imprévu) dans le Salzkammergut a été Gosau. J’ai opté pour cette localité à l’ouest d’Hallstatt pour sa proximité avec le massif du Dachstein et le Hallstattsee, mais c’est finalement ici que j’ai succombé aux charmes de la région.
Gosau compte un beau lac, le Gosausee, dans lequel se reflètent, côté sud, les glaciers du Dachstein. La balade qui en fait le tour est agréable, et peut être prolongée jusqu’à un deuxième lac (tout petit) puis un troisième : le Hinterer Gosausee. Bien caché dans un écrin de montagnes, il invite à la flânerie, à la contemplation et au repos. Un refuge permet de s’attabler au soleil et de reprendre des forces avant le retour à la civilisation. Une pépite cachée, à ne pas manquer mais chut, il ne faut pas trop que ça se sache…
« Rien de si beau, de si pur et en même temps de si vaste qu’un lac, ne se trouve sans doute à la surface de la terre. Eau de ciel. Il ne requiert aucune clôture; les peuples vont et viennent sans le souiller. » H.D. Thoreau
Pour les germanophones, toutes les infos pour cette randonnée sont disponibles ici.
L’autre belle surprise de Gosau se trouve dans ses hauteurs : moins mise en avant que le massif du Dachstein, la chaîne du Gosaukamm, tout en arêtes découpées, culmine à 2500 mètres à deux pas du village. Des parois vertigineuses qui contrastent avec les douces collines alentour, un paysage qui n’est pas sans m’évoquer les Dolomites. A pied ou à l’aide du téléphérique Gosaukammbahn, il est possible d’approcher ces géants de pierre, voire même d’en tenter l’ascension. J’y ai observé des chamois en fin de journée… Un beau moment que je qualifierais presque d’intime avec eux.
Les horaires du Gosaukammbahn et les infos pratiques sont à retrouver ici. J’ai opté pour le billet aller-simple ce qui m’a permis de profiter plus longtemps du sommet et de redescendre par un chemin escarpé mais sans grande difficulté et peu fréquenté, notamment propice à l’observation de la faune sauvage des sommets !
Quelques bonnes adresses :
- Pour quelques soirées, j’ai profité du calme de la Gästehaus Sams, située à Gosau. Un accueil sympathique pour cette grosse maison d’hôte.
- Niveau restauration, plusieurs belles tables traditionnelles. La Gasthaus Echo prépare à merveille les « spätzle » au fromage et la propriétaire est adorable. Pour quelque chose de plus sophistiqué, je recommande le restaurant de l’hôtel Gosauerhof, malgré une ambiance kitch.
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# LE PARC NATIONAL DES HOHE TAUERN
Le parc national des Hohe Tauern n’est pas moins que le plus vaste espace protégé des Alpes. Son plus grand succès est d’avoir su maintenir un équilibre entre activité humaine et nature sauvage. Ainsi, le parc national offre des paysages variés, entre pentes calcaires vertigineuses coiffées de neige et vallées verdoyantes pleines de vie.
Cinq jours sont loin d’être suffisants pour sillonner le parc dans toutes les directions, une vie ne serait pas de trop pour en gravir chaque sommet et en explorer chaque chemin de randonnée. Je vais m’attacher à vous parler de mes coups de cœur entre Salzburgerland et Carinthie. À mon sens, ils illustrent bien les multiples visages des Hohe Tauern.
- Heiligenblut
Petit village de carte postale avec son église posée dans un écrin de hautes montagnes, Heiligenblut m’a séduit en un instant. Si bien que c’est ici que j’ai posé mon sac à dos de rando pour quelques jours. C’est en rayonnant en étoile depuis le village que j’ai découvert la suite !
J’ai loué un petit studio dans la Berghaus Glockner que j’ai trouvé d’un excellent rapport qualité-prix. Belle vue sur les montagnes depuis le balcon, idéal pour dîner au calme. Le village compte une superette et de nombreux commerces.
- Grossglockner : glacier & route de légende
De toutes les routes alpines, la Grossglockner est sans conteste la plus impressionnante : lacets qui s’enchaînent, dévoilant toujours plus de sommets enneigés, sur près de 50 kilomètres à travers le parc national des Hohe Tauern.
En montée, je joue avec la boîte de vitesse pour enchaîner les virages. Le passage du col du Hochtor, qui culmine à 2506 mètres, est une grande émotion. À ces altitudes, le temps change brusquement au gré du vent froid. Du regard, on embrasse la toute puissance du spectacle : plus de trente pics de plus de 3000 mètres encadrent le plus haut de tous : le Grossglockner, toit pyramidal de l’Autriche avec ses 3798 mètres. Début juin, la neige est encore bien présente et contraste avec le vert en contrebas. En haut, plus rien ne pousse et les pics de granite plongent la route dans l’ombre. Stupéfiant.
Le dernier stop de la route alpine est probablement le plus intense. Du haut du Kaiser Franz-Josefs Höhe, la vue est imprenable sur le Grossglockner et son immense glacier, le Pasterze. Tout un monde d’alpinisme en climat extrême débute ici, inaccessible pour moi et donc fantasmé.
Toutes les infos, notamment le tarif du tronçon à péage, le parcours & les conditions de conduite sont disponibles sur le site internet officiel (en français !). Avec une citadine, je suis monté doucement mais sûrement. Les pentes sont impressionnantes mais les gens prennent leur temps sur la Grossglockner (elle est faite pour ça !) donc pas de panique. Plein de stops photos prévus avec de la place pour garer la voiture. Mieux vaut compter la journée.
- Un royaume de cascades
Le parc national des Hohe Tauern compte certaines des plus belles chutes d’eau de toutes les Alpes.
Les cascades de Krimml sont les plus puissantes d’Autriche, les plus hautes d’Europe avec 340 mètres et les cinquièmes plus hautes du monde. Oui, ça en impose. Les visiteurs s’accrochent aux gardes-fous tandis que l’eau rugissante projète une pluie d’embruns. Le sentier permet d’admirer les cascades sous les angles les plus intéressants, ceux qui font prendre conscience de la puissance de cette Nature brute qui jaillit de la montagne.
Toutes les informations pour organiser la visite de Krimml sont disponibles sur le site internet des cascades. La première cascade est la plus impressionnante, la dernière, en fin de randonnée, la plus belle. Soyez motivez et faites bien les trois !
Le parc compte une myriade de cascades, la plupart sont peu visitées et on s’y retrouve bien souvent seul ou presque. À une encablure du village d’Heiligenblut, deux belles cascades à ne pas rater : la Jungfernsprung dont j’ai aimé l’esthétique et la légende à découvrir sur le panneau explicatif et la Gösnizfall, au débit très impressionnant !
- De belles randonnées accessibles
Si les randonneurs chevronnés se donneront rendez-vous pour gravir les pics acérés qui se comptent par dizaines dans les Hohe Tauern, les autres pourront profiter de centaines de kilomètres de chemins de moyenne montagne. Des balades champêtres qui, en choisissant bien des parcours, peuvent délivrer de belles poussées d’adrénaline.
Je pense notamment à l’ascension du Mohar, qui culmine tout de même à 2600m. À travers bois et pâturages, le chemin débute dans un cadre bucolique. En montant, la végétation se raréfie, le chemin sillonne sur les pentes pelées du Mohar jusqu’au sommet. Quelques marmottes montent la garde. Quelle émotion que de contempler le panorama du sommet, avec un ciel noir d’orage au dessus de ma tête ! La redescente donne l’occasion d’un crochet par le Glocknerblick et son adorable petite chapelle trônant dos aux sommets.
Pour les germanophones, toutes les infos pour cette randonnée sont disponibles ici. Départ depuis la Sadnighaus, sur les hauteurs de Mörtschach. Excellent balisage tout du long. Le restaurant du Glocknerblick est idéal pour une pause roborative et l’accueil est très chaleureux.
Autre coup de cœur qui ravira les rêveurs : les pentes du Gartl, un sommet de 2458 m sur l’autre versant de la vallée. Rivière paisible ricochant de rocher en rocher, étendues fleuries de bruyères et chalets perdus dans les bois nous plongent en pleine peinture. Un cadre idyllique qui illustre comme aucun autre le charme des montagnes.
Pour les germanophones, toutes les infos pour cette randonnée sont disponibles ici. Départ depuis le petit parking de Ranach, à Grosskirchheim. Fléchage pas toujours explicite.
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# WERFEN, PORTE D’ENTRÉE OU ÉTAPE EN COURS DE ROUTE
À quelques kilomètres au sud de Salzburg, la petite ville de Werfen est idéalement située entre le Salzkammergut et le nord du parc national des Hohe Tauern. Ainsi, il s’agit d’une étape facile en début, milieu ou fin de road-trip.
C’est à Werfen que se visite la plus grande grotte de glace du monde, l’Eisriesenwelt. Cette étiquette draine nombre de touristes, aussi mieux vaut prévoir une visite en début ou fin de journée. La visite est en soi très intéressante, mais surtout on en prend plein les yeux. Accompagné d’un guide, on découvre les immenses formations de glace au cœur de la montagne. Entre le parking et l’entrée de la grotte, nombre de beaux points de vue sur les montagnes méritent par ailleurs le coup d’oeil. En bref, je recommande !
Les photos sont interdites dans la grotte de manière à assurer des visites guidées fluides. Pour se faire une idée de la beauté de l’Eisriesenwelt, de beaux clichés sont disponibles sur le site officiel !
La citadelle d’Hohenwerfen mérite clairement un arrêt à Werfen, elle aussi. Le château médiéval, planté au sommet d’une colline, est magnifique. Depuis les remparts, on jouit d’une vue imprenable sur les montagnes des alentours. Si la vision du château est mémorable, la visite de l’intérieur m’a moins marqué, hormis le sympathique spectacle de fauconnerie (toujours fascinant !). La meilleure vue sur le château est clairement depuis la route menant à la grotte de glace… Combiner les deux sur la journée est donc une bonne idée.
Toutes les infos pratiques pour la visite sont disponibles sur le site du château. Il faut surtout vérifier les horaires du spectacle de fauconnerie !
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Pour poursuivre le voyage..
Pourquoi ne pas se lancer dans une série de balades urbaines, tout en contraste avec la beauté sauvage des montagnes ? Salzbourg est à deux pas, Linz et Graz également. Sinon bien sûr il y a Vienne, la superbe capitale du pays.
Pour ma part, j’ai poursuivi ma route de l’autre côté de la frontière : la route allemande des Alpes est elle aussi magnifique et se prête parfaitement au road-trip !
Bonsoir, j’ai regardé vos 2 articles sur l’allemagne et sur l’autriche. Magnifique tous les 2.
Lequel Avez vous préféré du point de vue paysages, nature, rando….?
Du coup nous partons en camping car mais nous ne savons toujours pas quel itinéraire choisir.merci
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Bonjour Virginie ! Choix difficile que celui-là ! Je dirais en toute objectivité que les paysages côté allemand sont vraiment uniques et valent le déplacement (Königsee et alentours notamment), vous ne serez pas ce genre de paysage dans les massifs français moins loin. Côté autrichien, si on parle de paysages uniquement, c’est superbe mais ça m’a rappelé nos Alpes à nous même si là encore c’est vraiment beau et la culture locale très intéressante. Réponse de normand, je sais, mais côté allemand, j’ai vraiment pris une claque.
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