Lanzarote est la grande timide des Canaries. Située au nord-est de l’archipel, l’île présente pourtant des paysages uniques en Europe. La géologie et le volcanisme ont structuré les reliefs, les côtes et la vie des hommes qui se sont accrochés à cette terre aride.
- Lanzarote est une île dotée d’un réseau de routes en excellent état et reste suffisamment petite pour permettre une exploration en rayonnant depuis un hébergement central. Je peux tout à fait recommander « Quintero Suites » pour un séjour chez l’habitant avec tout le confort et une cuisine bien équipée.
- Une voiture de location est indispensable pour une visite approfondie de l’île dans ses moindres recoins.
- Une semaine de voyage permet de voir l’essentiel sans courir et de profiter des paysages uniques de Lanzarote.
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Arrecife, une capitale blanche
La grande ville de Lanzarote n’est pas des plus pittoresques, qu’on se le dise. C’est néanmoins une facette de l’île à voir pour comprendre comment Lanzarote s’organise. C’est aussi le meilleur endroit pour croiser des habitants (eh oui !). La balade en front de mer n’est pas déplaisante. On passe voir le fort San José reconverti en musée, on se pose sur un banc face à l’église San Guines de Clermont et on se promène sur le pourtour du Charco de San Guines, avec les petits bateaux amarrés.
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Le parc national de Timanfaya
Imaginez une mer de lave, des cratères aux couleurs étonnantes, un horizon qui porte loin, une route sinueuse et vertigineuse… Oui, le parc national de Timanfaya est un lieu incroyable. C’est le résultat des éruptions volcaniques de 1730 et de 1824, qui ont forgé par le feu et la cendre les paysages de Lanzarote.
Pour préserver cette écosystème unique, les visites sont très encadrées, et passeront pour frustrantes au yeux des amoureux de randonnées qui devront se résoudre à observer le paysage depuis les vitres d’un bus. Dommage oui, surtout qu’il règne à la Montana del Fuego un air de Disneyland dès que les grands groupes débarquent depuis la côte. Venir à l’ouverture laisse quelques minutes de répit seul face au paysage observable depuis le parking.
Un peu plus au nord, un bâtiment moderne très didactique revient sur les phénomènes volcaniques de l’île. Une carte en relief du parc national ne manque pas d’éloquence : Lanzarote pourrait être la Lune, ou Mars. Un complément gratuit et de qualité à la visite un peu trop vite expédiée du parc en lui même.
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Approcher les volcans
Aussi somptueux soient-ils, les paysages du parc national de Timanfaya n’en restent pas moins intouchables. Pour palper de plus prêt les géants volcaniques, il faut en sortir et rouler le long de deux des plus belles routes de Lanzarote : la LZ-67 et surtout la LZ-56.
Sur la LZ-67, qui contourne le parc national par le sud-est, il est possible de réaliser une belle randonnée au milieu de la mer de lave jusqu’à deux cratères successifs. Le premier, la Montana Caldereta, est petit en taille mais son intérieur est parfaitement rond. Le second, bien plus haut, demande une belle ascension pour se retrouver à son sommet. Le cratère de la Montana Blanca est juste immense. On peut faire le tour de la crête pour l’embrasser du regard.
La LZ-56 est surnommée « la route des volcans », et à raison. Elle traverse littéralement l’alignement des cratères et ce sont donc des formations géologiques incroyables qui sont visibles de part et d’autre de la chaussée toute droite qui file entre les champs de lave au relief chaotique.
Je recommande chaudement la balade faisant le tour du cratère de Los Cuervos. On se croisait sur la Lune, avec cette ogive noire et percée enfoncée dans le sol. Le dôme est la seule aspérité de ce champ de lave, ce qui renforce encore son unicité.
Juste en face, il est possible d’effectuer l’ascension de la Montana Negra. Il s’agit d’un pic volcanique aux pentes abruptes. Grimper demande pas mal d’effort, avec un sillon en gravillons parfois bien pentu. En revanche, le panorama sur Los Cuervos, la route et le parc national de Timanfaya dans le lointain est extraordinaire.
Un peu plus haut sur la route, un sentier vraiment très accessible permet de faire le tour de la Montana Colorada, un cratère qui a la particularité d’être multicolore : du orange, du rouge, du jaune.. la balade est par ailleurs très intéressante à effectuer car les vues sur les autres volcans et la mer de lave sont vraiment jolies sur cet itinéraire.
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La côte Sud
Tantôt balnéaire, tantôt rocailleuse et secrète, la côte Sud de Lanzarote est tour à tour protégée (à l’est) et face à l’Atlantique (à l’ouest). Deux ambiances.
Au sud-est de l’île, c’est par une route non goudronnée de plusieurs kilomètres qu’on rejoint la plage de Papagayo. Ou, devrais-je dire, les plages, car plusieurs se nichent dans les criques, enserrées entre des falaises de lave pelées. Il y a un petit air de bout du monde, malgré les nombreux plagistes et le café en surplomb. L’eau est d’une transparence qui donne envie de piquer une petite tête, dès que le soleil est de la partie.
Cap ensuite au sud ouest, plus sauvage et rocailleux. Les coulées de lave ont atteint la mer à ce niveau-là, formant une côte découpée, formée de criques et de petites falaises de basalte. À El Golfo par exemple, le village est littéralement au pied des reliefs pelés. Comme partout ailleurs sur l’île, les façades sont blanches et contrastent joyeusement avec la mer et la lave. Une courte marche permet de voir le lagon vert, curiosité qu’on vient découvrir de toute l’île. Il n’y a plus qu’à profiter des vagues, ou de la plage entre deux barques échouées.
Au sud d’El Golfo, les falaises de lave se font encore plus impressionnantes. Los Hervideros est plutôt aménagé, mais cela permet de se balader sur le relief chaotique et d’admirer les vagues de l’Atlantique qui viennent rugir dans les cavités souterraines. Un spot vraiment superbe, néanmoins très fréquenté.
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César Manrique, la star de l’île
L’artiste et architecte César Manrique est originaire de Lanzarote. Après une carrière et de nombreux voyages en Espagne et aux Etats Unis, il est revenu au faîte de sa gloire sur son île natale. Là, il a produit plusieurs des plus célèbres bâtiments de l’île, prôné un développement durable face à l’explosion du tourisme de masse et de la spéculation immobilière, et placé Lanzarote à la une des revues d’architecture.
L’idéal pour se faire une idée du personnage est de visiter la fondation César Manrique, aménagée dans la maison qu’il a construit sur et sous une coulée de lave pour son usage personnel. On y découvre un bon vivant, aimant la nature tourmentée de son île.
Dans une ancienne carrière de lave, en direction du nord, l’architecte a dessiné un jardin de cactus franchement superbe. Depuis son époque, les plantes ont bien poussé et le travail des jardiniers force l’admiration. Il y a plus de 1000 espèces de plantes cactées dans des compositions minérales et sur plusieurs niveaux d’élévation. Petit coup de coeur !
Enfin, au Nord de l’île, il ne faut pas manquer la visite des Jameos de Agua. César Manrique a conçu tout un monde de plantes vertes et d’escaliers sculptés dans la lave au niveau de trois cavités à ciel ouvert. Un bassin d’eau salée abrite une colonie de petits crabes albinos endémiques. Plusieurs cafés, une piscine et une salle de conférence souterraine complètent le lieu qui est décidément difficile à décrire (et encore plus à photographier !).
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La côte Nord et les belvédères
L’île de Lanzarote est relativement plate, si on exclut les nombreux cratères circulaires. Le nord de l’île néanmoins contredit totalement cet a priori. De somptueuses falaises, parfois bloquées dans les nuages, dégringolent jusque dans la mer.
Le regard porte loin, au delà même de la Graciosa, îlot « frère » situé à une encablure du nord de Lanzarote. C’est du Mirador del Rio que la plupart des visiteurs viennent admirer la vue. Je recommande pour ma part de descendre un peu le long de la très étroite route LZ-202 puis de la LZ-201 pour aller jusqu’au Mirador de Guinate. Outre la vue sur la Graciosa et la mer, il permet également de se figurer la hauteur et la verticalité des falaises.
Les environs d’Orzola valent également le détour. Le village en lui-même est bien assoupi en dehors du chassé-croisé des ferries qui conduisent à la Graciosa. Les environs comptent plusieurs plantations d’aloe vera, comme à Lanzaloe Park où la production est artisanale. Outre une boutique, il est possible de se balader dans la plantation 100% biologique.
On peut terminer la boucle de la pointe nord de Lanzarote au niveau de la Caleta de Espiral. C’est totalement étonnant de voir du sable blanc ici, en contraste total avec la lave. Les roches volcaniques sont organisées en cercles qui permettent aux baigneurs de s’abriter du vent. Il y a un petit air de bout du monde par ici !
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Le centre de Lanzarote
Le village de Teguise était autrefois la capitale de l’île, avant qu’Arrecife lui vole la vedette. Qu’importe, il est aujourd’hui le plus beau « pueblo » de Lanzarote, classement espagnol à l’appui. Les ruelles piétonnes sont bordées de maisons basses. Les façades blanches ponctuées de pierres de lave rappellent l’Amérique latine. Le dimanche est le jour le plus animé, avec un marché en plein air qui draine énormément de monde. Dommage que les stands soient si mercantiles. C’est à peine s’il subsiste quelques étals de fruits et légumes locaux, un fromager et un boulanger.
Au nord du village, une route qui n’a rien à envier à certains paysages de l’altiplano andin débouche sur un spot bien connu des surfeurs : la plage de Famara. Au pied des falaises, c’est clairement une anse de sable superbe, avec des rouleaux parfaits pour s’adonner aux joies de la glisse. Le petit village, sur la gauche, est vraiment agréable en fin de journée, et mérite le détour.
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Lanzarote est la destination idéale pour découvrir des paysages volcaniques. Ponctuée de nombreux cratères, en bonne partie classée et protégée, l’île est une destination qui ravira les cyclistes, les marcheurs et les curieux. Le dépaysement est irréfutable, le continent semble loin.
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